Stations forestières

Description générale

Une carte prédictive des stations forestières du massif Vosgien a été réalisée de façon homogène sur tout le massif (8800 km²). Cette carte permet de caractériser des zones censées être homogènes d’un point de vue écologique, en s’inspirant des pratiques traditionnelles liées à l’utilisation des catalogues de station forestière. Contrairement aux relevés de terrain, l’approche numérique permet une cartographie sur de larges emprises à de faibles coûts, avec une méthodologie homogène, tout en intégrant de façon explicite la variabilité du climat, ce qui permet de réaliser des simulations en intégrant des changements en cours ou à venir.

Les trois facteurs importants pour la détermination des types de stations forestières, le niveau trophique du sol, le climat local, et la réserve en eau (définie par la réserve utile maximale des sols pondérée par les apports latéraux) ont été modélisés principalement à l’aide des relevés floristiques et écologiques disponibles dans la base de données EcoPlant (Gégout et al, 2005), puis spatialisés par pixels de 50 m de résolution (Piedallu et al, 2006, Gégout et al, 2008). Ces trois couches sont combinées pour produire la carte numérique des unités stationnelles à l’échelle du massif.

Une AFC a été réalisée sur un tableau floristique de 2404 relevés de la base EcoPlant (395 espèces codées en présence/absence avec comme condition que ces espèces soient présentes dans plus de deux relevés). Les axes 1 et 2 de l’AFC représentent le niveau trophique et le bioclimat. La RUM et les apports latéraux en eau ont été modélisés respectivement à l’aide de 3674 et 1200 placettes (les apports latéraux étant une pondération de la RUM en fonction de la position topographique). Pour le modèle de niveau trophique, on obtient un R² de 0,36 (n = 355 données indépendantes), pour le modèle de bioclimat un R² de 0,52 (n = 951 données indépendantes), et pour le modèle de RUM un R² de 0,43 (n = 3674). Les trois modèles ont ensuite été discrétisés en 6 classes de niveau trophique, 5 classes de bioclimat, et 4 classes d’apport en eau. La combinaison de ces classes, et le regroupement de certaines conditions marginales, permet l’obtention des 59 types de stations présents dans la carte. Ils sont identifiés par un code à 3 chiffres, le premier indiquant le niveau trophique (1 = acide, 6 = riche), le deuxième le bioclimat (1 = collinéen, 5 = subalpin), et le dernier la réserve en eau (1 = faible, 4 = très fort). La carte originale (59 stations) est également disponible en version simplifiée (12 classes) (les légendes complètes sont disponibles dans l’article de la revue Forestière française cité en référence).

Principales limites d’utilisation

Chacun des modèles utilisés (niveau trophique, bioclimat, réserve en eau) est empreint d’imprécisions, non homogènes dans l’espace, et qui peuvent se cumuler lors de la réalisation de la carte des stations. Particulièrement, la définition et le calcul des apports latéraux en eau demeurent empreints de subjectivité. De plus, les stations marginales, éboulis, bords de rivières et tourbières ne sont pas représentées. La carte produite permet de rendre compte d’une variabilité présumée des conditions écologiques, et elle est utilisable pour une grande gamme d’échelles (allant du massif jusqu’à la forêt), mais ne se substitue pas à des relevés de terrain. Ainsi, des erreurs importantes dans l’évaluation d’un ou de plusieurs facteurs peuvent exister localement. Se référer à la discussion de l’article publié dans la Revue Forestière Française pour plus de détails concernant les avantages et les limites d’utilisation.

La pertinence des données a été évaluée à l’échelle du massif vosgien, mais reste peu connue à des échelles plus fines, et n’a pas été déterminée hors forêt où elle est probablement moins bonne du fait de l’éloignement des relevés utilisés pour les modèles. Il est possible que localement, les stations prédites ne soient pas cohérentes avec la réalité. Il est nécessaire de procéder à des vérifications ou à des compléments de terrain pour une utilisation opérationnelle.

 

Les références bibliographiques

Gegout, J.C., Coudun, C., Bailly, G., Jabiol, B., 2005. EcoPlant: A forest site database linking floristic data with soil and climate variables. Journal of Vegetation Science 16, 257-260.

Gegout JC., Piedallu C., Cornu J., Cluzeau C., 2008. La cartographie prédictive des stations forestières : un nouvel outil au service du gestionnaire. Predictive mapping for forest sites – A new tool for forest managers. – Revue Forestière Francaise, vol. 30, n° 1, pp. 37-60.

Piedallu C., Gegout JC., Cornu, J.F., Cluzeau, C., 2006. Cartographie prédictive des stations forestières du massif vosgien, élaboration, validation et applications. Rapport d’étude. ENGREF, p. 95.